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Joie de Vivre

(English Translation Below)

Je suis arrivé au tai chi taoïste il y aura bientôt vingt ans. J’avais déjà une pratique personnelle  quotidienne avant la pandémie. Cette pratique personnelle avait commencé peu de temps après  le début de ma pratique. Jamais je ne l’aurais définie comme un outil de transformation. Je la  faisais avec plaisir, mais un peu comme on fait un exercice ‘’d’entretien’’, pour pratiquer les  consignes que je recevais dans les classes. 

Bien sûr que je percevais, dans mon quotidien, la transformation que m’apportait la pratique  régulière du tai chi taoïste. Je pouvais observer que je devenais une personne qui juge moins les  autres, plus stable émotionnellement, plus encline à aider spontanément et qui ose davantage  dire ce qu’elle pense.  

Lorsque la pandémie est arrivée, je venais de prendre ma retraite depuis quelques mois. Ces  quelques mois ont été remplis par les classes que je donnais, celles auxquelles je participais,  celles où je remplaçais d’autres instructeurs et enfin par mes activités au comité de section.  Bref, je remplissais mes semaines par un tourbillon continu d’activités. 

Et arrive la pandémie, le confinement, la suspension des classes. En l’espace de quelques jours,  j’avais l’impression que mon univers venait de basculer. Moi qui courais d’une activité à l’autre,  me voilà pris chez-moi sept jours sur sept. Cet arrêt brusque a été comme un électrochoc.  L’anxiété a monté rapidement et est devenue quotidienne. Tout était pour moi source d’inquiétude : la santé de mes proches, leurs difficultés financières, le devenir de notre  organisation, la gestion au quotidien de notre comité de section. C’est comme si j’avais perdu  toute confiance en moi et en l’organisation.  

Le message qu’on nous a donné dès le départ a été d’explorer ou développer notre pratique  personnelle. Ce que j’ai fait assidument. Cependant, cette pratique ne réussissait à calmer mon  anxiété que pour peu de temps et le tourbillon de mes inquiétudes reprenait vite le dessus. Le  chanting et les enseignements du samedi ne me calmaient pas non plus. Au début, le chanting  sur Zoom m’apparaissait étrange, ne m’apportait aucun réconfort et je le faisais, pour ainsi dire,  par devoir. De revoir des visages connus, mais pas ‘’pour de vrai’’ ne faisait que me rappeler que  nous ne pouvions pas nous voir et qu’on serait longtemps sans se revoir. Les messages des  directeurs comme ‘’Le pire temps est le meilleur temps’’ et autres ne résonnaient pas en moi et  même parfois me heurtaient, me hérissaient. J’avais l’impression de faire ce qu’il fallait mais je  n’allais pas tellement mieux… 

J’étais inquiet face à mes responsabilités au comité de section. J’avais l’impression de ne pas  faire correctement ce qu’il y avait à faire et j’avais même peur qu’on me demande de me retirer.  Dans sa grande sagesse, l’organisation, plutôt que de me demander de me retirer, m’a convié à  participer à différents travaux et m’a fait confiance. Cette attitude m’a permis de reprendre  confiance en moi.  

J’ai quand même, malgré tout, continué ma pratique physiologique quotidienne. J’ai continué à  aller aux chantings du samedi et du mardi et à écouter les témoignages et enseignements. J’ai  aussi commencé à aller à l’autel de notre centre régional pour les chantings. Et, petit à petit, 

l’alchimie a fait son travail. Sans que je le veuille absolument, tout cet entraînement a lentement  pris le chemin de mon cœur.  

Les inquiétudes ont commencé à s’atténuer et à ne plus m’habiter en permanence. Le cœur est  devenu plus léger. Je sens que je redeviens plus disponible à mes proches et aux autres en  général. Cette ‘’joie de vivre’’, qui m’avait quitté, revient avec une profondeur plus grande  qu’auparavant. J’ai l’impression de découvrir une sensibilité différente, plus calme, plus apaisée  et plus ancrée dans le présent.  

Le mot ‘’religion’’ qui me faisait fuir autrefois a aussi fait son chemin en moi. Il a perdu son sens  de croyance et s’est ancré dans ma pratique, dans l’entraînement. Il représente maintenant  l’ensemble des rituels : la pratique physique, les cérémonies, les rencontres, les enseignements  et les échanges. Bref tout ce qui me rattache à notre organisation, à sa communauté, à son  passé et ses traditions.  

On nous répète souvent que la tradition taoïste et les enseignements de Maître Moy sont avant  tout d’ordre pratique. Ce n’est pas seulement en lisant, en réfléchissant à des concepts que l’on  progresse. C’est dans la pratique très concrète de tout ce qui nous a été légué que réside cette  

progression qui nous permet de ‘’devenir une meilleure version de nous-mêmes’’. Cette période  de pandémie m’en aura donné la preuve hors de tout doute ! Je ne peux que remercier le Fung  Loy Kok de perpétuer avec tant de sagesse et de bienveillance cette riche tradition. 


I came to Taoist Tai Chi® almost twenty years ago. I already had a daily personal practice before the pandemic. This personal practice had begun shortly after I started my practice. I would never have defined it as a tool for transformation. I was doing it with pleasure, but a bit like doing a “maintenance” exercise, to practice the instructions I received in the classes. Of course, I could see, in my daily life, the transformation that the regular practice of Taoist Tai Chi® brought me. I could see that I was becoming less judgmental, more emotionally stable, more willing to help spontaneously and more daring to speak my mind.

When the pandemic arrived, I had just retired for a few months. Those few months were filled with the classes I taught, the classes I attended, the classes I filled in for other instructors, and finally my activities on the branch committee. In short, I filled my weeks with a continuous whirlwind of activities.

Then came the pandemic, the lockdown, the suspension of classes. In the space of a few days, I felt as if my world had been turned upside down. I was running from one activity to another, but now I was stuck at home seven days a week. This sudden stop was like an electroshock. Anxiety rose quickly and became a daily occurrence. Everything was a source of concern for me: the health of my loved ones, their financial difficulties, the future of our organization, the day-to day management of our branch committee. It was as if I had lost all confidence in myself and in the organization.

The message we were given from the start was to explore or develop our personal practice. I did this assiduously. However, this practice was only successful in calming my anxiety for a short time and the whirlwind of my worries soon took over again. Chanting and the Saturday teachings did not calm me either. At first, chanting on Zoom seemed strange to me, did not bring me any comfort and I did it, so to speak, out of duty. Seeing familiar faces again, but not “for real”, only reminded me that we couldn’t see each other and that we would be a long time without seeing each other. The messages of the directors like “The worst time is the best time” and others did not resonate with me and sometimes even offended me. I had the impression that I was doing the right thing, but I wasn’t doing much better…

I was worried about my responsibilities on the branch committee. I felt like I wasn’t doing the right thing and I was even afraid I would be asked to step down. In its wisdom, the organization, rather than asking me to step down, invited me to participate in various works and trusted me. This attitude allowed me to regain confidence in myself.

I still continued my daily physiological practice. I continued to go to the Saturday and Tuesday chanting and to listen to the testimonies and teachings. I also started to go to the altar of our regional center for the chanting. And, little by little, the alchemy worked. Without my wanting to, all this training slowly made its way into my heart.

The worries began to subside and no longer live in me permanently. The heart has become lighter. I feel that I am more available to my loved ones and to others in general. This “joie de vivre”, which had left me, is coming back with a greater depth than before. I have the impression of discovering a different sensitivity, calmer, more peaceful and more anchored in the present. The word “religion” that used to frighten me has also made its way into me. It has lost its meaning of belief and has become anchored in my practice, in my training. It now represents all the rituals: the physical practice, the ceremonies, the meetings, the teachings and the exchanges. In short, everything that connects me to our organization, to its community, to its past and its traditions.

We are often told that the Taoist tradition and Master Moy’s teachings are primarily practical. It is not only by reading and thinking about concepts that one progresses. It is in the very concrete practice of all that has been passed down to us that lies this progression that allows us to “become a better version of ourselves”. This period of pandemic will have given me the proof beyond any doubt! I can only thank the Fung Loy Kok for perpetuating this rich tradition with such wisdom and kindness.

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